Le Vieil Homme et la mer d’Ernest Hemingway

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Au moment de combler une vieille lacune et d’ouvrir le Vieil Homme et la mer, je me demandais pourquoi, de tous les romans d’Hemingway, il reste le plus connu, le plus étudié – dès le collège -, le plus cité. Moi qui suis entré dans la littérature d’Hemingway par ses brillants commencements, c’était avec excitation que je me plongeais dans ce court roman de la fin de sa vie, m’attendant à un monument – il faut bien cela pour faire de l’ombre à des chefs d’oeuvre comme l’Adieu aux armes ou le Soleil se lève aussi.

L’histoire, tout le monde la connaît : un vieux pêcheur, Santiago, lutte pendant plusieurs jours avec un espadon d’une taille remarquable – de quoi faire mentir tous ceux qui, au village, prétendent que le vieux ne vaut plus rien. Le combat est rude, mais l’homme prend finalement le dessus sur l’animal. Il n’en ramènera cependant presque rien : quelques lambeaux de chair, le sabre de son nez et une queue majestueuse ; le reste est dévoré en chemin par les requins qui prennent la petite barque d’assaut, attirés par le parfum du sang.

le vieil homme et la merLorsque le roman paraît, en 1952, Hemingway est dans le creux de la vague : ses romans des années 40, peu considérés par la critique, ont jeté un voile d’ombre sur l’ensemble de sa carrière. L’immense succès du Vieil homme et la mer, couronné par le prix Pulitzer, lui redonne toute son aura. On imagine que la reconnaissance vient de tout ce qu’on peut mettre dans ce roman. Selon Hemingway, « aucun bon livre ne contient des symboles préétablis. J’ai essayé de faire un vrai homme, un vrai garçon, la vraie mer et de vrais requins. Mais si je les ai rendus suffisamment vrais, ils peuvent signifier bien des choses ». L’intention est louable : le lecteur n’est pas étouffé dans un symbolisme unidimensionnel. Le combat du vieil homme contre l’espadon, c’est celui de l’homme contre la Nature, contre lui-même, contre Dieu, contre sa condition de mortel… C’est un peu tout ça, à vous de piocher, selon votre marotte du moment. La richesse symbolique du roman semble sans limite, et c’est justement ce qui, à mon sens, le perd. Les oeuvres de jeunesse d’Hemingway étaient marquées par  son caractère volontaire, par une férocité dans l’écriture qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Le Vieil homme et la mer, à l’opposé, est un roman sans personnalité, générique, une coquille creuse désertée par son auteur, dans laquelle on pourra certes projeter des interrogations mais qui n’offre qu’un grand silence en guise de réponse.

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Challenge-classiqueCe billet est publié dans le cadre du challenge « un classique par mois » de Stephie. Pensez à visiter son blog et ceux des autres contributeurs du défi !

2 réflexions sur “Le Vieil Homme et la mer d’Ernest Hemingway

  1. Alors, je le remets à plus tard…lequel pourriez-vous me conseiller de cet auteur ? Je vous fais confiance aveuglément, j’aime beaucoup vos chroniques :)…

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